Les jours suivants il feignait de peindre pour entretenir sa passion en mélangeant des peintures sur son chevalet puis s’interrompait en disant : « Ah ! Ça non ! Ce n’est pas pour aujourd’hui. Je ferai un portrait de toi lorsque la lumière du jour sera plus belle. » Il déchirait sa toile en disait : « Maintenant… l’écriture !». Il s’asseyait à son bureau et lui montrait des faux manuscrits. « Voilà les anciennes chansons que j’ai écrites à Bologne et qui firent de grands succès dans tout mon pays ». Elle était subjuguée de voir son nom d’artiste au bas des pages.
Elle resta enfermée des jours, ébahie par cet amour. Elle parlait peu. Sa seule demande se réduisait à : « Dis, Andrea, quand est-ce que tu me l’écris, ma chanson ? ». « Ha ! Je te n’ai pas dit Ala Nera ? J’ai écrit un début l’autre soir alors que tu dormais. Mais tout cela est encore trop frais pour que je te montre. C’est à l’état d’ébauche, de croquis. Approche-toi et remettons cela à plus tard, veux-tu ?» Elle aimait ça. Elle aimait ses douces phrases. Elle raffolait de ce corps d’athlète stupéfiant. L’illusionniste lui en apprenait tous les jours, dans toutes les pièces, toutes les positions, sur tous les meubles, avec toutes sortes d’objets. Et après l’amour, comme les chanteuses ne cuisinent pas, ils allaient au restaurant.
« Et ma chanson Andrea ? ». Un jour qu’elle lui redemanda, Biancone, tout nu à son secrétaire – c’était un moment après l’amour, avant le restaurant – se dit « pourquoi pas ? ». Il griffonna un petit quelque chose en prenant des poses d’artiste inspiré . C’est ainsi, par accident, qu’il lui pondit un premier succès : Avec tous mes trucs…!
Ce soir là, Aile Noire, nue au milieu des meubles fantômes, drapée comme une divinité grecque, Aile Noire s’essayait à sa Chanson. Une Chanson de prostituée caractérielle, à l’humour et au vocabulaire douteux.
A suivre... Retrouvez les épisodes précédents dans les archives de ce Blog.
2 comentaris:
Merci pour l'épisode 4 rien que pour moi! J'aime beaucoup. Pensées pour Arletty, Renoir (père et fils) et notamment "La Chienne"... Je t'embrasse en attendant la suite!
Oui, c'est vrai. Nous en avions discuté tous les deux. Je ne pensais pas continuer la prépublication de ce feuilleton. Je ne savais pas s'il avait bien sa place dans ma ville de Tam. Mais plusieurs témoignages, dont le tien, me disent de continuer car vous voulez savoir la suite. Alors la voili, la voilou. J'attends vos impressions et commentaires. Et merci Delfilm! Mais ne t'identifies pas trop à la Noire même si tu penses que... "tous des salauds!"
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