A Saint-Denis, la troupe a négocié le relogement des Roms dont elle occupe le terrain jusqu'à la mi-juillet.
Par Vincent NOCE
QUOTIDIEN : jeudi 24 mai 2007 6 Legit dins Liberacion.
Venu de Montréal, le Cirque du Soleil s'est installé sur un site proche du Stade de France, à Saint-Denis, pour un spectacle qui dure jusqu'à la mi-juillet (Libération du 16 mai). Peu savent que sur ce site vivaient des Roms, dont la présence a compliqué l'installation de l'immense chapiteau. Quand l'équipe québécoise arrive sur le terrain loué par la commune, quatre semaines avant la «première», elle y découvre quatre camps de gitans, qui rassemblent trois cents personnes.
Avant de planter le chapiteau, il fallait assainir les lieux, assurer le dégagement des ordures, installer les adductions d'eau et d'électricité ainsi que les toilettes. Mais rien de prévu pour les gitans. Nulle discussion n'avait été ouverte. La commune n'aurait-elle pas été jusqu'à les déloger par la force ? Le Cirque du Soleil a pris les devants : «Nous avons tout de suite exprimé notre préoccupation et réclamé que le déplacement se fasse de manière respectable et honorable.» Né d'une troupe d'artistes de rue, le Cirque du Soleil, devenu une multinationale (3 000 personnes à travers le monde), a toujours eu à coeur de consacrer une part de ses bénéfices à l'action humanitaire, notamment via l'ONG Oxfam.
Le cirque a immédiatement pris contact avec les représentants de la communauté des campements, notamment par le biais d'associations présentes sur le site comme Terada, Médecins du monde ou la Fondation Abbé Pierre. Il a négocié leur déplacement sur un terrain à l'arrière, expliqué les contraintes du spectacle, du bruit notamment, et souhaité établir en commun «les règles du jeu d'une coexistence». Des financements ont été débloqués, et le cirque a émis auprès de la municipalité de Saint-Denis le souhait que les adductions d'eau et d'électricité deviennent permanentes afin de bénéficier aux gitans après son départ.
«Pour nous, c'était très important que tout se passe bien», souligne Renée-Claude Ménard, porte-parole du Cirque du Soleil, manifestement interloquée de l'impréparation de la commune. Sensibilité des gens de la balle pour les gens du voyage ? Ou, plus simplement, mentalité nord-américaine contre esprit bureaucratique français ? La question de l'avenir du site reste, elle, ouverte.
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