diumenge, 25 d’octubre del 2009

AFP: On a montré qu'on est présents, qu'on a une voix dans le dialogue entre les cultures

Des milliers de manifestants à Carcassonne pour la défense de l'occitan

CARCASSONNE — Les défenseurs de la langue occitane se sont mobilisés en masse samedi à Carcassonne, de 12 à 14.000 selon la police, plus de 20.000 selon les organisateurs, pour réclamer le développement de l'enseignement de l'occitan et une télévision de service public en langue d'Oc.

Dans une ambiance festive, derrière de multiples banderoles et drapeaux rouge et or frappés de la croix occitane, ils ont défilé tout l'après-midi dans la préfecture de l'Aude et ont tenu meeting sous les remparts de la Cité médiévale avant de se séparer en fin d'après-midi.

Organisée par le collectif d'associations "Anem Oc!" (En avant pour l'Occitanie!) la manifestation réunissait des personnes venues d'une trentaine de départements de la moitié sud de la France, du Piémont italien et du val d'Aran espagnol, régions où la langue d'Oc est parlée.

A côté des familles, des musiciens jouant de fifres et tambourins, on remarquait notamment le député-maire de Carcassonne Jean-Claude Pérez (PS) et le député européen (Verts) José Bové dans le cortège.

"L'Etat français a failli à sa parole en ne traduisant pas dans la loi française la charte européenne des langues régionales, c'est l'Europe des régions que l'on va construire et elle ne s'arrête pas aux frontières des états", a déclaré l'élu des Verts.

"On en a plus qu'assez de ne pas être entendus par un Etat (...) qui ne veut pas entendre les gens qui réclament des écoles, des médias occitans", a déclaré lors d'un point de presse, avant la manifestation, David Grosclaude, président de l'Institut d'études occitanes.

"On a été patients, mais on va peut-être faire plus énergique pour se faire entendre", a-t-il averti.

De son côté, Jean-Louis Blénet, président de la confédération des "Calandretas" (établissements bilingues occitans), affirmait sa volonté de coordination avec les autres langues régionales en France et déclarait: "nous voulons que nos élus définissent des politiques linguistiques, avec un engagement budgétaire, qu'ils fassent pression sur l'Etat".

Les organisateurs ont demandé dans un texte la reconnaissance d'un statut légal des langues régionales, la création d'une télévision et d'une radio de service public en langue occitane et l'instauration d'une "politique linguistique ambitieuse" permettant notamment de développer l'enseignement de l'occitan.

"Il nous faut une loi, un cadre règlementaire", ont-ils insisté, tout en qualifiant de première "victoire" la reconnaissance des langues régionales comme "patrimoine de la France" depuis 2008 dans la Constitution.

Dans le cortège on croisait bon nombre d'allogènes sympathisants, tel Nicolas Barthélemy, enseignant à Bize Minervois, originaire de Grenoble, qui déclarait à l'AFP: "l'occitan c'est un patrimoine culturel à défendre. Pour mes enfants, c'est un bon moyen de s'intégrer à la population locale: ils sont en immersion totale dans l'occitan à l'école Lo Cigal ou ils sont scolarisés".

"On a montré qu'on est présents, qu'on a une voix dans le dialogue entre les cultures", déclarait le soir Alan Roch, occitaniste carcassonnais de 56 ans, un des organisateurs, barbu aux cheveux blancs campé sous une grande banderole jaune arborant en lettres rouges au pied de la Cité: "la lenga que parlam es patrimoni de l'humanitat" (la langue que nous parlons est patrimoine de l'humanité).

Deux manifestations similaires avaient réuni 10.000 personnes en octobre 2005, déjà à Carcassonne, et 18 à 20.000 personnes en mars 2007 à Béziers (Hérault)