dissabte, 3 de desembre del 2011

des dessous chics dans le placard à balais


Agence de voyage. Les couloirs. Je la sens bien sa présence mais je ne la vois pas. Un regard, des yeux camouflés dans le mur. Comme ce chat mystérieux dans ALICE AU PAYS DES MERVEILLES. Je sens bien cette odeur de poudre mêlée au maquillage. Et ces yeux deux, brillants, ses yeux piscine, qui m'épient et qui me guettent. Je la devine. Et je la cherche. Je marche droit. Channel numéro cinq. Ca cocotte dur, bâtiment A. Elle m'espionne, elle m'attend. Saucine, la secrétaire en string surgit soudain sur mon passage, au détour d'un pilier.
- Ah! Monsieur Tam, quel hasard! Vous tombez bien! Je devais vous voir, c'est pour mon fils.
Mes yeux s'arrondissent comme des balles de ping-pong. A-t-elle déjà porté ce décolleté? Prémédité! Comment s'est-elle préparée à notre échange le soir même? Combien de bustiers, de montgolfières, de ballons gonflés au benzène essayés, posés, jetés en vrac dans le panier du sale, dans le placard du propre, par terre, sur les cintres, superposés, borgnes, voyants, doubles, qui s'ouvrent tout seul, en cuir, avec un zip autour, prédécoupés, en pointillés, pour qu'on suive bien les formes, mis, remis, arrachés de rage, décollés doucement comme un timbre de collection, ajustés juste au niveau du téton pincé, sous un chemisier, sans un chemisier, le nombril à l'air, agraphés, dégraphés, les cheveux remontés, le bustier lourd et violet sur un t-shirt noir, ou un sous-tif en dentelles, balconnet terrible genre Marie Antoinette ou Madone de chez Jean-Paul Gaulthier ? Ses mains légères remontent le tout, synchrone. Combien d'heures pour moi pour préparer le décolleté idéal? Enfermée dans sa salle de bain, à faire couler l'eau pour camoufler le bruit des soutiens-gorges sautants sur la musique de PRETTY WOMAN? La buée à la vitre, le reflet saturé par son souffle et ses efforts pour me rencontrer demain. Le verrou remonté, elle se cache de son mari alcoolisé sur le canapé qui rote devant le discours de Toulon sur BFM: "Hé! Ben! Tu fous quoi? Merde. J'ai faim." Car elle m'a bien prononcé ce mot, c'est sûr, t'en es témoin: "mon fils" et contrairement à ce que dit Jean-Jacques, elle n'avait pas fait un bébé toute seule. Merdoum, Mme Sausine, la secrétaire en string, ne vit pas seule. Comme quoi la chanson a pas toujours raison.
Son scénario elle l'avait créé, là, figée sous les couette lourde, les yeux rivés au plafond invisible, toute seule dans sa tête, tourne-retourne dans le noir de la nuit de couples sans libido, soulevée par les ronflements porcassiers de son mari.
Le soutien-gorge craquant caché dans le cartable. Les cheveux tenus pas des épingles. Le string dans la poche de devant, elle se change dans les toilettes du bureau, comme un collégienne fautive de sa métamorphose adolescente. Elle apparaît au pilier:
- Mon fils, Monsieur Tam, il veut apprendre l'excitant...
Lapsus. Elle se reprend:
- L'occitan, mr Tam, l'occitan.
Elle rougit et dit:
- Il écoute Massilia. Il veut venir à votre club. Au collège, ils ferment les options.
Mon club? Pour le personnel de l'Agence? Celui que j'organise entre midi et deux et dont la moyenne d'âge est -disons le - de cinquante ans?
Je réponds c'est sûr, on a tous intérêts d'être bilingues. Elle reprend son doux souffle mentholé:
- J'ai trouvé ce petit livre. Regardez.
Je n'ai pas le temps d'identifier la couverture de l'ouvrage en question que sa douce main m'entraîne dans le placard à balais éclairée par une seule ampoule:
- On y verra mieux pour lire, ces couloirs sont trop sombres.
La porte se referme pour nous et là sauvage, arrachant une épingle qui retient ses cheveux de jais elle râle en jetant par terre le cahier pour la sixième niveau un, édité au CRDP de Montpellier:
- Aima me! Ara! (Aime moi! Maintenant!)
La conjugaison est juste, le -a final prononcé à la française. C' est pas grave j'ajusterai après, je gonfle mes muscles (je parle des bras, je suis un héros), la soulevant, la plaquant contre l'armoire en fer tenue par des boulons voyants qui se dévissent et sautent comme des ressorts rythmant chaque mouvement de mon bassin. Du grand art. Manu Katché à la batterie. Les bouteilles plastique immaculées, blanches de Javel, orange d'Ajax, marron de Carolin, bleutées de Canard WC (qui fait coin coin de plaisir avec son joli bec) sautillent à chacun de nos mouvements. Nous pourrions réciter les trois conjugaisons sans oublier les auxiliaires. Je décline toutes les positions. Elle apprend vite. Elle accroche son vernis aux étagères. Aime, Aimas, Aima, Aimam, Aimatz, Aiman. Ca coule tout seul. Un ange passe. Rattachez vos ceintures. Telle la phalène son string se colle et se balance contre l'ampoule brûlante quand ses balconnets viennent atterrir doucement comme une fleur sur le petit cahier bleu aux gribouillis d'enfant. Leçon numéro un. On aura besoin de réviser avant de transmettre.

dimecres, 30 de novembre del 2011

bocada suchard

ma grand manja de bocadas suchard amé de pan

Je préfère manger à la cantine

Agence de voyage, 12h45. Hier Charlhyène (il paraît que c'est un nom sioux), la femme de l'intendant, qui est raide comme un cierge de pâques (dixit Brel) m'a rouspété:
- Ah! 'sieur Tam! z'avez pas payé la cantoche!
- Justement si je suis ici, je réponds, c'est pas pour vos yeux Charlhyène, ni pour l'endroit. Je préfère le Café PASTIS à Barcelone que votre putain de bureau obscur enguirlandé de chiffres.
- Vous parlez des guirlandes que j'ai découpées dans les chutes de papier et que j'ai accrochées,hop, au ficus?
- Ouais... Quelle idée?
- C'est bientôt noël, 'sieur Tam.
- C'est vous qu'avez découpé le deux?
- Le plus dur c'est le huit.
- Bon voilà mon chèque.
Charlyène chausse ses lunettes accrochées à une chaine (en cas de neige). Elle me vocifère:
- Quoi? Que ça? Quinze euros? Vous êtes pas un peu rachou Monsieur Tam? La fin de mois vient de tomber, macaniche!
- Et alors je l'économise tant à la fin comme au début.
- Pffff... Un chèque de quinze euros! Ah! Ca m'arrange pas.
Charlyène ça l'arrange pas mais elle encaisse quand même.
Je retourne à la machine à café après le repas. Un sou c'est un sou. Même le café à la machine je commence à me le plaindre. Tu le crois. Deux euros. Sur le chemin un éditeur itinérant (je me l'appelle Père Castor) qui passe à l'agence à chaque début de mois (ou de fin)(tôt ou tard c'est comme on le sent, dixit Daho) me barre le chemin. Tel le cow-boy attaché sur la voie ferrée, je suis pris en otage. Il se rappelle que je vends des voyages (ça tombe bien il est au bon endroit) et que en 2003 j'avais fait un crédit de six ans pour un bo livre intitulé: VOYAGES A ROME de Stendhal. Le livre m'avait couté un bras, il était tellement beau et cher qu'il pesait un joly jumper mort et que j'ai jamais pu le lire. Dans le canapé, sur les cuisses, il arrêtait la circulation du sang. Dans le lit, si tu t'endormais, il te mangeait le visage et si tu arrivais à lire une ligne sans fatigue, il te faisait des biceps comme Popeye avec des crampes aux doigts (ce qui explique mes problèmes osseux au poignet droit et pas autre chose car non je ne suis pas sourd). Ah! Le précieux livre! En plus les repro-photos brillaient tellement bien que je tournais les pages avec un gant mapa et des pincettes pour pas l'abîmer. Pas un livre: une rente. Ce con de démarcheur sait tout: que j'aime les voyages (ça tombe bien, j'en vends), que je bois mon salaire au PASTIS à Barcelone et que c'est pour ça que je me plains mon café et ma cantine, ici, en France, dans la triste ville de TAM. Il sait aussi que je tiens le cinéclub entre midi et deux pour amuser les travailleurs de l'agence, comme le club d'Occitan. Allons Monsieur Tam, vous allez bien, rhoo, allez, un beau livre, vous allez pas vous refuser ça, qu'est-ce qui vous intéresse en ce moment? Mon pouvoir d'achat, Père Castor! Mon pouvoir d'achat! Et hop! Là! Qu'est-ce qu'il me sort, Père Castor? Non.... malheureusement pas les mémoires de Pécout illustrées par Van-Gogh (Casterman n'a pas de culture occitane, ce con) mais un livre comparatif: LITTERATURE ET CINEMA. Rhaaaaa! Lovely! Je feuillette. Je caresse le papier glacé. Il me chauffe les sangs. Bardot et la Joconde, le cinéma japonais et l'impressionnisme, Mickey et Guernica. Je tripote la couverture de cuir et les lettre d'or incrustées dedans je les contourne lentement en frottant avec mon index, fétichiste du livre. Je fouette mes mains avec le marque page en soie rouge cousu dedans. MMMM... Le format italien me fait penser à un film en cinémascope ! Luxe et volupté! Mes collègues m'attendent pour le CLUB OCCITAN entre midi et deux. On va être à la bourre. Tout s'accélère. Il me tend un feuillet jaune avec un carbone. J'y reconnais mon RIB. Je signe mon RIB. Il connait par coeur mes coordonnées bancaires, ce con. Je m'engage pour 10 ans. C'est Alcatraz ce traquenard. Je signe quand même. Ah! Monsieur Tam! Je savais que je vous connaissais. Connard. Je perds pieds. Saucine la secrétaire en string me demande de réciter sa conjugaison quand on sera au CLUB OCCITAN. Je dis oui mais remontez votre jupe pour l'instant. Il me mettra un double de ma facture sur mon bureau. C'est toujours le A1? Mais comment il sait? Depuis hier, je mange des patates à l'eau, pour me payer mon voyage au PASTIS A BARCELONE, ma cantoche à 15 euros, et un livre sur le cinéma que je n'ouvrirai jamais car il me sciera les jambes, me coupera la tête et épuisera mes poignets.

Littérature comparée expresse

Agence de voyage. Saucine la secrétaire en string me pose un léger paquet sur le bureau. Je reçois maintenant, déjà, super, youpi, LE JARDIN DES DELICES TERRESTRES (EDITIONS LIVRE DE POCHE à PARIS). Quel rapport avec LE MATAGOT MODERNE (Editions IEO LENGADOC à BEZIERS) ? Rhaaaaa! Lovely! J'ai hâte de savoir! Malheureusement une pile de documents m'attend pour le taff. Je pleure ma mère sur l'agenda. L'agence de voyage où je worke depuis 2002 exige: un bon de commande pour un mas en Camargue à réserver pour mai, tout un devis pour des congrès autour du LARZAC (avec randonnées) pour février, une croisière à Venise pour hier sans gondoles (à cause de la crise). Boulot! Boulot! Boulot! Et tous ces mails à killer: est-ce vraiment du travail? Comment faisaient-ils en 1990 sans les mails? M'enfin dirait Gaston Lagaffe (mon maître) qui a toujours envie de trier son courrier, si j'osais un oeil sur mon nouveau livre? Le poète et voyageur T.O me l'a bien dit: les deux univers se rapprochent, tu devrais en parler à ton collègue là, le petit auteur du MATAGOT MODERNE (Editions IEO LENGADOC à Béziers). Mais comment croiser deux regards littéraires: ceux de l'Indien et de l'Occitan? Quel rapport avec le Cassoulet et le Vada Idli ? Déjà j'aime la couverture cartonnée présentant les allumettes pyromanes qui rappellent peut-être le grand incendie provençal du MATAGOT. La première phrase (ma prof de lettre dirait l'"incipit") est brève, scénaristique, vive: " Tout a commencé par un accident". Mazette! En voilà un qui perd pas de temps avec son récit! Boumbadamoum. Je te vais à la ligne. Et hop! hop! T'es dans la sauce. Pas le temps d'y tremper: ma boss m'envoie un texto pour un rendez-vous que je ne confirme pas car je suis roumegaire et contestataire. J'ignore le texto. Je supprime. "Etes-vous sûr?" Je réponds pas. Je sais ce que je fais. Mon portable m'emmerde. Quatrième de couverture. Un argument de vente choc : "incontestablement le meilleur écrivain de la nouvelle génération". Ah! Ils veulent vendre, eux, au livre de poche (à Paris)! Mais ne sont-ils pas marseillais au LIVRE DE POCHE (à PARIS) je croyais que le meilleur écrivain de notre génération c'était Houelbecq (je suis obligé d'aimer Houelbecq si je suis parisien) ou Perbosc (je suis obligé d'aimer Perbosc si je suis occitaniste). Mots clé en diagonale: "jeunes désoeuvrés", "le gourou Ghanada", ""fantasmagorie", "une Prague froide et désincarnée", "humour surréaliste", "l'écriture et le mensonge". Ah! C'est sûr ça va plaire à l'auteur du MATAGOT MODERNE (chez IEO LENGADOC, à Béziers, ton bon de commande est ci-contre, tu devrais en profiter). Je lui en parlerai. Un fax. L'hôtel de Camargue. Mais où ai-je foutu mon bon de commande? Ah! Il me sert déjà de marque page! Voilà ce que c'est que de se faire livrer au boulot.

dilluns, 28 de novembre del 2011

Indrajit Hazra


Indrajit Hazra est un journaliste et écrivain indien né à Calcutta en 1971.

En 1990, il produit un petit recueil de poèmes au Writers Workshop, Calcutta, intitulé : Twentyfour [i.e., twenty-four] poems.

En 1995, il obtient son diplôme de l'Université de Jadavpur, Calcutta. Ensuite, il va vivre à Delhi. Il devient journaliste, assistant-rédacteur puis rédacteur en chef pour l'Hindustan Times, où il a sa rubrique hebdomadaire "Red Herring". Il écrit en anglais.

Segond mon collèga T.O, Indrajit Hazra saria pas luenh de l'univers dau MATAGOT MODERN (IEO LENGADOC). De veire... Il faut que j'en parle au petit auteur du MATAGOT MODERNE que je connais très bien. Je lui ferai une fiche de lecture.

diumenge, 27 de novembre del 2011

Clèves de Marie Darrieussecq


Clèves de Maria Darrieusecq es un libre monstruós sus l’adolescéncia. Es divisit en tres partidas : leis aver, lo faire, lo tornar faire. Lo tot ligat per una problematica comuna : faire l’amor a la joventud. Sabèm pas coma l’autor pòu escriure un libre talament ligat ai remembres pregonds e versemblables d’una joventa. Un romantisme ligat a una obsession porcassièra e fisica. Per aquò siam pas luenh de son promier : Truismes. Sens messòrgas, pegats sus lo passat nòstre, se metamorfosam totei fácia ai cambiaments carnaus. Entre desesper e rire. Un bòn libre impudic e coratjós.

Marie Darrieussecq, Clèves, França, P.O.L Editeur, 2011.