dimecres, 19 de desembre del 2007

antoine mondor, l'art de la critica musicala


M'agrada la cançon. M'agradan lei gents qu'escrivan sus la cançon. M'agrada aquela critica justa d'Antoni Mondor sus un disque simplet de Berger. De legir. E de discutir.


D I F F É R E N C E S

ÉCRIRE À L'AUTEUR (WEB MASTER)

On peut ne pas aimer voire détester les synthétiseurs quand ils prennent toute la place, écrasent sur leur passage tout ou presque.

On peut ne pas aimer voire détester, les petits textes positivistes façon Si tu plonges, Quand on est ensemble, Il vient de toi, Y a pas de honte et tutti quanti, qui émaillent de quasi bout en bout Différences.

On peut ne pas aimer voire détester les tics textuels à la Berger qui, sur Différences, atteignent des sommets, dont au premier chef l'insupportable «il y a», alias «y a» :

Y a des montagnes d'amour qui t'attendent
Y a des mains, y a des poings qui se tendent
(Si tu plonges)

Y a quelqu'un qui pense à lui
(Je veux chanter pour ceux)

Y a tant de gens qui ressemblent à leur ombre
Y a tant de gens qui s'habillent en sombre
Y a tant de gens qui ont la haine au coeur
Y a de l'amour oui y a de l'amour
Y a tant de gens qui vivent comme des morts-vivants
Y a tant de gens qui ont la rage en eux
(Quand on est ensemble)

Y a des regards
(Splendide hasard)

Y a pas de honte
Y a pas de honte
Y a pas de honte
(Y a pas de honte)

Y a des musiciens fantastiques
Y a des studios en numérique
Ya des pays fous
Y a des danses au bout de l'Afrique
Y a la baie de Rio en feu
(Et nulle part ailleurs)

Oui, on peut ne pas aimer voire détester un album pour des tas de raisons, ne serait-ce que parce qu'à son écoute, on ne peut se départir de cette impression de se faire servir, quelque part, une sorte de petite morale de pacotille sans même que la forme et la musicalité du discours ne viennent en réchapper le simplisme.

Oui MAIS on peut ne pas aimer voire détester infiniment plus que tout cela «autre chose», en l'occurrence ce racisme tantôt latent tantôt virulent d'une certaine partie de l'opinion, entre autres française.

Oui, ce bon vieux racisme qui, en «Douce France» s'exerce d'abord à l'endroit des Maghrébins, qu'ils soient Arabes, Kabyles ou autres, mais aussi des autres «différents» que sont ceux que vous savez : minorités dites «visibles», vieux pudiquement appelés «personnes z'âgées», homosexuel(le)s impudiquement appelés de mille noms tous plus «drôles» les uns que les autres, ouvriers, analphabètes, marginaux, la liste est longue.

Alors, qu'on aime ou pas le cru Berger 85, on ferme sa gueule et on rengaine ses petites critiques, on fait même abstraction d'une certaine récup commerciale récente et on se met à fond, synthés ou pas, une chanson : Je veux chanter pour ceux qui sont loin de chez eux.

Et les images défilent en rafale : elles ne peuvent pas ne pas le faire si l'on est un tant soi peu conscient de ce qui se passe, chaque jour, autour de soi. Bien vite, on n'écoute plus, perdu dans ses pensées, noyé dans ces visions peuplées de gros blonds et de petits rats, dans ce cauchemar qui semble n'avoir pas de fin.

Dans la Douce France, certains jours, tout le monde peut se sentir bien loin de chez soi.

Quand, bien loin au-delà des sillons, quelques mots et une petite musique nous arrachent par leur beauté à ces visions d'horreur, «y a» comme une boule qui nous monte à la gorge et on se dit que, oui, ravaler ses mots intransigeants et faire preuve de plus de sentiment, c'est sûrement simpliste et diablement moraliste, mais c'est aussi, parfois, nécessaire, essentiel, urgent.

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