divendres, 15 de juny del 2007

la grande morte épisode 3


Gobi s’est approché de Gigi.
Il glisse ses doigts recouverts de bijoux sur le dos dénudé de la femme. Elle aime ses caresses. Elles lui rapportent beaucoup. Elle lui tourne le dos, concentrée sur le jeu :
- Et ta femme ?
Le majeur de Gobi bute sur l’omoplate. Elle renverse la nuque. Il a touché le point sensible.
Le paiement entre ce gallinacé en fourrure et ce client reste comme une habitude. Il y a longtemps que ces deux là sont amoureux. Et ils le savent. Il lui apporte des billets comme s’il lui offrait des fleurs.
- Ça y ’est, kapo ut…
La machine sonne. Vacarme. Gigi a tiré le jackpot.Elle murmure :
- Tu vas la quitter… bientôt ?
- Tu sais bien que...
Elle ramasse les jetons :
- Elle te gâche la vie, Jean. Tu l’as aimée trop tôt. Toute jeune, elle t’a vidé. Toi qui étais fait pour les sorties, les amours d’un soir, les parties de jambes en l’air, et les fumettes illicites…
Jean ne répond pas. Il s’enfonce dans un brouillard de Havane. Gigi lui rappelle sa vie médiocre :
- Et tu restes avec elle…lâche ! …vingt cinq ans avec cette conne… C’est même pas un arrangement familial, ce mariage… Au pire, on aurait pu dire : « il s’est marié pour plaire à papa, maman. C’était l’époque ». Manque de cul, t’es pas pardonnable … Tes parents, ils s’en foutaient… Ils étaient aux Salins. Ils n’étaient pas exigeants avec ton bonheur…
Ah ! Epoque bénie des Salins ! Tout le village du Grau, où Jean était né, était nourri par la récolte du sel. Les parents allaient à l’usine en vélo. Et l’enfant ne connaissait pas la contrainte. Livré à lui-même, il tirait les sonnettes, espionnait les voisins. Il resta longtemps un môme.
Jusqu’à ce que Laetitia arrive.
Alors il fit pêcheur.
Pour échapper au traintrain.
- Tu es resté avec cette sorcière, reprend Gigi, dans les filets de l’habitude, accro à ta vie plan-plan. Et moi qu’est-ce que je suis moi ?
Il ne sait pas quoi répondre, quoi penser, Jean. Il pense à sa chère femme étrangement endormie chez lui. Il pense à Laetitia, il pense à Gigi. Tout s’emmêle. Désarroi adolescent.
- Mais réponds ! Réponds ! Merde ! Tu me parles jamais de ça !Ne me dis pas que tu es heureux avec elle… même tes collègues en disent du mal.
Le khôl coule autour de ses yeux noirs.
- Dis, quand c’est que tu la quittes, Jean ?

A suivre...