dilluns, 19 de febrer del 2007

Aile Noire: Episode 6



6. Où l’on se trouve un pianiste.

La jeune trouvait difficile de chanter tous les soir à capella. « Un jour où l’autre je perdrai ma voix, Andréa. Si cela continue, je sens que je vais en mourir. L’autre jour, un type du fond a crié : « Plus fort », et je me suis exécutée pour lui plaire. Et j’y suis arrivée. J’en suis à mes débuts, je ne dois jamais décevoir. Mais l’exercice est périlleux. Je crains chaque jour l’extinction. Pourquoi ne prendrions-nous pas un pianiste pour m’aider un peu ? Cela me soutiendrait. Puis nous gardons maintenant assez d’argent pour en payer un. Et il m’apprendrait le solfège. Allez Andréa ! Dis-moi oui ! Si on veut continuer tous les deux il faut que j’améliore mes connaissances musicales. S’il te plaît, Andréa, mon Dédé, trouve-moi un musicien. » Andréa écouta ses arguments qu’il trouva très bons.

Il alla quérir un pianiste de sa connaissance chez sa tante Julieta, la maquerelle de la place du Tertre. Il lui fallait quelqu’un de confiance, la personne rare qui partage tous ses secrets, ses tours de travers, un gars qui ne moufte jamais. Il choisit évidemment de rester dans la famille et prit le cousin Alberto !

Joseph Alberto était un Italien au teint gris qui avait une admiration démesurée pour Biancone, une affection incroyable, une soumission naturelle qui dépassait le lien familial. Depuis l’enfance, ils s’étaient tout dit, avaient tout partagé, les filles, les chambrées, les découvertes en tout genre. Les deux fils uniques, comme deux frères, s’étaient juré de ne jamais se séparer, de réussir ensemble. Ils avaient juré en crachant en cachette dans les latrines de la cour de récréation. Et depuis leur arrivée en France, ils se rencontraient souvent. Mais, il faut le dire, Il Sensuale réussissait plus que son cousin.

Ici, dans la maison close de la Tante Julieta, la mama payait son fils Joseph pour l’ambiance musicale. Dans le hall d’accueil rouge de la maison close, le piano de Joseph, Joseph Alberto, accompagnait le client jusqu’à sa chambre. Les Filles dandinaient du fessier, en montant l’escalier sur des airs de valse simples ou de polka faciles. La musique de Cousin Joseph couvrait les voix et les râles d’amour, les entrées, les sorties, les montées, les descentes d’escalier. Joseph faisait la musique de fond du bordel et c’était son métier. Il cachetonnait ainsi pour se payer une gueuse en fin de soirée. L’homme de derrière pianotait sur un piano droit aux touches cariées, dans un son de saloon désaccordé, une cigarette incandescente au bec.


A suivre...
Les premiers épisodes sont dans les archives de ce Blog.