diumenge, 18 de febrer del 2007

Le roman feuilleton

Ponson du Terrail par Nadar

Le Roman feuilleton

En 1836, la naissance de la presse moderne avec Émile de Girardin (La Presse) et Armand Dutacq (Le Siècle), fait de la publication des romans en feuilleton un argument publicitaire attirant un large lectorat. Ce mode de publication précède la parution en librairie et concerne une large partie de la production romanesque traditionnelle. Mais avec Eugène Sue (Les Mystères de Paris dans Le Journal des Débats en 1842) et Alexandre Dumas apparaît aussi un roman-feuilleton spécifique qui va jouer, avec les cabinets de lecture, son rôle dans le programme d'alphabétisation du peuple français en même temps qu'il contribue à la création d'un imaginaire romanesque sur lequel nous vivons toujours (Alfred Nettement, Études critiques sur le feuilleton-roman). Romans d'aventures, romans édifiants ou romans sentimentaux vont connaître enfin jusqu'à la fin du siècle, une vogue importante, soutenue par des opérations éditoriales d'envergure et des circuits de distribution de plus en plus élargis.
Le rôle du roman feuilleton est de fidéliser le lecteur. Pour cela se met peu à peu en place une technique d'écriture particulière : récit découpé en tranches quotidiennes, suspense et angoisse à la fin de chaque épisode, coups de théâtre répétés, manichéisme épique, lutte du Bien et du Mal, multiplicité des lieux, absence d'introspection, action omniprésente et souvent frénétique.
L'auteur est au service du journal et ne doit donc pas déplaire au lecteur. D'où l'abondance de lieux communs mais aussi l'absence fréquente de point de vue personnel et original. En cas de succès, il lui faut rallonger son récit, quitte à le terminer brutalement quand le public se lasse. L'écrivain n'écrit pas pour montrer son âme ou faire admirer son style, mais pour stimuler les ventes.
D'où le profond mépris des "vrais" écrivains, ainsi que des institutions culturelles et religieuses. On accuse le roman populaire d'être une littérature facile, où seules comptent l'émotion et l'angoisse, mue uniquement par l'argent, précipitant des masses désarmées vers la dépravation, le vice et le crime. Pourtant les valeurs le plus souvent prônées par cette littérature sont loin d'être subversives : respect de la hiérarchie sociale, peur des "classes dangereuses", femme soumise ou châtiée, ...
Bien que se voulant neutre, le roman feuilleton est traversé par l'idéologie, de gauche (Eugène Sue, Michel Zévaco) comme de droite (Ponson du Terrail, Xavier de Montépin). Qu'importe, car la trame est éternelle : héros, monstre, victime, passion du récit, aventure, à suivre.

Source: http://gallica.bnf.fr